CHAPITRE XV
----- Entièrement livré à la culture de son sol, jamais l'habitant de Neuilly n'a été tenté de se porter vers l'industrie ; c'est à peine si, à de rares intervalles, quelques tentatives ont été faites pour mettre en honneur quelques branches de commerce local.
---- Parmi les articles qui sont l'objet d'un certain commerce, figure en première ligne le blé, que l'on conduit et que l'on vend à Langres, mais plus spécialement à Gray ou à Neufchâteau.
---- Le 2 novembre 1810, la commune présente au préfet de la Hte Marne une pétition à l'effet d'obtenir d'établir à Neuilly un grenier d'abondance, où les habitants trouveraient à acheter du blé beaucoup plus facilement, et seraient en garde contre les accapareurs. Le Baron Jerphanion engagea le maire à dire aux habitants de garder leur grain, plutôt que de le vendre au premier venu ou de le conduire à grands frais à Gray.
---- Les Habitants de Neuilly contribuent à approvisionner les marché de Langres des produits de leurs animaux ; ainsi beurre, fromage, oeufs, poulets, veaux, etc., ils portent tous cela à Langres deux fois par semaines. Ce village doit même être compté parmi les communes de l'arrondissement qui se distinguent le plus dans la préparation du fromage si renommé, dit fromage de Langres.
---- Depuis une dizaine d'années la coutellerie commence à se répandre à Neully, mais elle n'est que comme un passe-temps durant les saisons où les habitants, presque tous cultivateurs, ne sont pas occupés aux champs.
---- Les usines sont presque nulles à Neuilly ; on y trouve seulement : quatre moulins à eau, quatre ou cinq moulins à vent, deux huileries, une petite filature à vapeur, une teinturerie avec un moulin à foulon, et enfin une tuilerie. Cette dernière est, après les moulins à eau, le plus ancien établissement industriel que nous connaissions à Neuilly ; elle existait déjà dès le XVIe siècle. Il serait curieux de faire l'histoire de chaque industrie, de chaque métier, tels qu'ils ont existé à Neuilly dans les siècles anciens ; je n'ai que fort peu de document à set égard, mais je les donnerai tout de même.
---- 1er siècle. Martial nous apprend qu'on fabriquait à Langres, et sans doute aussi dans les environs, des tapis renommés, qu'il mentionne dans deux circonstances :
-------------Tomentum concisa palus circense voctus
-------------Hoec pro lingonio stramine pauper ermit (XIV,160)
Et ailleurs:
-------------Oppressoe nimium vicina est fascia plumus?
-------------Vellera lingonicis accipe rasa sagis (XIV, 159)
---- Blé----César parle plusieurs fois des blés des Lingons, comme abondante et comme pouvant s'exporter. En 398, Stilicon en fit embarquer d'énormes quantités sur la Saône et le Rhône pour Rome, affligée de la disette.
---- Tannerie.1259. A cette époque, elle était très répandue au fbg de Sous-Murs, à Langres, et les habitants de Neuilly, etc. fournissaient l'écorce de chêne ; ceux de Bannes et de Rolampont et tous les autres villages appartenant au chapitre ne le pouvaient pas, excepter Chalindrey, privilégié à cet égard.
---- Blé et avoine. 1257, 1263, etc. On parle de celui de Neuilly. Voir pour les prix le tableau de P. Magnier depuis 1549-1771.
---- Mennuisier : Ph. Noirot 1601.
---- Moulins à eau : 1257, 1601, Cath Jamois. 1611, 1639, 1662, 1683, 1711, 1721, 1784.
---- Marchand : Ant. Genre, 1601. Nic. Febvre, 1607. Nic. Motot, mercier 1614, 1635, 1662, 1684, 1702, 1706
---- Tissiers : Guse. Menne, 1600, 1633, 1664, 1674, 1689, 1727.
---- Maréchaux : 1614, 1685, 1695, 1720.
---- Tuilerie : 1616, 1643, 1669, 1677, 1685, 1716, 1719, 1722, 1737, 1756.
---- Chapeliers : 1625, 1627.
---- Hôtelleries : 1625, 1662, 1693, 1720, 1741, 1758, 1761, 1778.
---- Cabarets
---- Bouchers : 1634,1638, 1681, 1693.
---- Charrons: 1635
---- Charpentiers : 1669.
---- Cordiers : 1669, 1678.
---- Serruriers : 1669, 1674, 1735.
---- Taillandiers : 1674.
---- Osier ou Vanniers ? 1674.
---- Tonneliers : 1674, 1691, 1693.
---- Charrons : 16.., 1675.
---- Cordonniers : 1678, 1686, 1696.
---- Moulins à vent : 1691, (voir carte), 1697, 1721.
---- Bourreliers : 1726, 1763.
---- Teinturier : 1726, 1788.
---- Nourrices, 1740.
---- Maçons
---- Salpêtriers : 1754.
---- Horlogers
--
---- 1778 Jean Desgrés, cabartier au moins depuis 1769, présente une requête à M M. les Fermiers-Généraux, en leur bureau établi à Neuilly, sur ce qu'il ne veut plus vendre vin ni mettre bouchon, et que les commis des dits Fermiers aient à venir démarquer les vins qu'il a. Le sergent de la communauté signifie l'acte du clémissionnaire à Me Nic Guillaumot, buraliste établi à Neuilly.
- Lorsque les vendanges sont terminées, il vient ordinairement à Neuilly un distillateur ambulant, qui loue une petite chambre, y construit son fourneau, y installe son alambic et fabrique l'eau-de-vie de chacun moyennant une certaine redevance en nature ou en argent.
- Ce que j'ai dit de la coutellerie depuis une dizaine d'années, je puis le dire de la tisseranderie depuis plusieurs siècles. Quinze métiers au moins fonctionnent pendant l'hiver et les autres temps de chômage du cultivateur. Ils fabriquent de la toile de fil plus ou moins fine et quelques pièces de draguet, espèce de drap, dont la chaîne est de fil et la trame de laine ; on sait que les draguets les plus estimés de France sont ceux de Langres et Chaumont, et des environs. On croit que c'est dans cette espèce de tissu qu'excellaient les Lingons nos ancêtres, tissu dont parle Martial sous les noms de tormentum et de vellera.
- Les toiles fabriquées à Neuilly y sont très souvent blanchies, mais sans préparation aucune ; on se contente de les étendre sur l'herbe, où la rosée de la nuit et les arrosages artificiels leur font bientôt acquérir une blancheur suffisante, sans leur faire perdre rien de leur solidité.
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home