Documents : Histoire de Langres et ses environs

Extrait d'un recueil de notes nommé Histoire de Langres et des environs,comprenant un essai de l'histoire générale de Neuilly (tome 13), ecrit le 04 juin 1862

13 novembre 2012

        CHAPITRE XVII


  Costumes des Habitants

 

Dans les mémoires de la société archéologique de Langres, M. Paul Péchiné, architecte, a fait un article consciencieux et savant sur les costumes des Lingons de l 'époque gallo-romaine. Nous n'avons gardé de prendre dans ce travail ce qui nous convient ; il sera beaucoup mieux placé à la suite de l'histoire de cette époque.

Nous-mêmes nous avons recueilli sur le costume des habitants de Neuilly de bons renseignements, qui remontent à plus de deux siècles ; mais ce n'est pas encore ici le lieu d'en faire usage, car nous voulons nous borner à ce qui concerne l'état actuel.

Fidèles aux traditions gauloises, les hommes ont conservé la blaude ou blouse, qui parait être la palla de leurs ancêtres ; Virey le dit en citant ce ver de Martial :

Dimidiasque nater gallica palla tegit

 

C'est en effet un vêtement qui ne descend qu'à mi-jambe, et qui ressemble beaucoup à celui qu'on voit à certains individus représentés sur des bas reliefs ou ailleurs. Naguère encore il était du bon ton d'avoir une queue longue et sale de cheveux, que l'on attachait avec une tresse noire et qu'on laissait flotter négligemment sur les épaules. A cela on ajoutait un chapeau de feutre à bords rabattue, un habit blanc à larges pans, une culotte bleue, liée au genou et ornée de boutons de verre bleu ou de métal, et enfin de longues guêtres blanches en toile, serrées au genou avec une tresse rouge et sans sous pieds. Ce costume si grotesque, mais vénérable par son antiquité, a presque entièrement disparu ; la dernière queue a, je crois cessé de se montrer en 1849.

Longtemps la toile blanche, ou bleue, ou bariolée, a fait le fond de la plupart des vêtements, le grand habit seul avait le privilège d'être en drap ; on avait ensuite une espèce de veste en droguet, et voilà tout. Maintenant le drap est devenu moins rare, les indiennes et les rouenneries se répandent ; les redingotes et les habits à la française commencent à se monter, surtout parmi les jeunes gents. Il en est de même des gilets, des chapeaux et des autres vêtements ; mais tout cet extraordinaire n'est que pour les dimanches et les fêtes. Quant aux jours ouvrables, on se contente de la blouse sans ceinture et du bonnet de coton.

Arrivons aux femmes. Leur costumes n'est ni moins uniforme, ni moins antique que celui des hommes. Ainsi elles continuent de porter quant il fait froid, le capuchon, qui n'est autre que la cape de certains ordres religieux, le caban des Espagnols et la coule des arabes.Il consiste en une espèce de capote enveloppant la tête et à laquelle tient un fragment de mantelet découpé en pointe, qui tombe par le dos. Tous les antiquaires, surtout ceux de Langres, conviennent que c'est le Cardocucullus ou coucoule des Lingons, mentionné dès le premier siècle par Martial, qui dit :

Sie interpositus contaminat aucto
Urbiea lingonicus thirianthia bardocucullus

 
  Il parait que ce vêtement,  nécessaire contre le froid, était exclusivement usité parmi les Lingons, et aussi parmi les Santons (habitants de la Saintonge), car le poète dit encore :
 
Gallia qantonico vestit te bardo cucullo

  Trois traçons le portrait du costume des fermes de nos pays ; nous l’empruntons à l’auteur des recherche historiques sur l’arrondissement de Langres : Une taille courte, d’énormes jupes de droguet, un mouchoir plissé et ramassé derrière la tête et serrant le cou, un bonnet dit toquet ou teuque, rond, collant sur le front, et rempli par un autre bonnet piqué : voilà leur accoutrement ordinaire.

     A Neuilly, les femmes font, les jours de fêtes, jusqu’à cinq ou six toilettes différentes, qui remplissent presque les intervalles des offices. En voici le curieux détail : 1° Grand négligé en se levant, pour allumer du feu aller et faire le gros débarras. 2° Toilette propre pour aller à la première messe. 3° Petite toilette négligée, au retour, pour déjeuner, mettre le pot au feu et jouer un peu. 4° vers huit heures, grande toilette de luxe pour la grand’messe. 5° Au retour on serre ce que l’on avait pris de plus précieux et l’on se met en petite tenue, soignée cependant, pour les autres offices. 6° après les vêpres, on diminue encore quelque chose pour passer la soirée à causer sur le pas de sa
porte