Documents : Histoire de Langres et ses environs

Extrait d'un recueil de notes nommé Histoire de Langres et des environs,comprenant un essai de l'histoire générale de Neuilly (tome 13), ecrit le 04 juin 1862

14 novembre 2012


CHAPITRE XVIII

 

Mœurs, Usages, Coutumes

 

   Le grand mot des habitants de Neuilly pour rejeter la plupart des améliorations qu’on leur propose est celui-ci : Ce n’est pas la coutume. C’est dire assez combien ils tiennent à leurs usages, quelque gênants qu’ils soient quelque fois.

     Durant longtemps, durant plusieurs siècles même, ces bonnes gens ont su se conserver dans une simplicité de mœurs qui équivalait presque à ce qu’on appelle la politesse du monde. Mais depuis environ vingt ans, c’est-à dire depuis la révolution de mil huit cent trente, il s’est opéré parmi eux une réaction qu’il est impossible de ne pas remarquer. On dirait qu’ils ont voulu goûter à leur tour de cette prétendue civilisation moderne. Ainsi, défiance de tout ce qu’on leur dit, dans la crainte d’être trompés, costumes, modes même, café, danser, etc. : rien ne leur semble étranger. Bientôt le chemin de fer leurs apportera les journaux, les feuilletons, les brochures, et avec cela l’indifférence pour leur intérâts éternels, l’oubli de leur devoir religieux, le mépris de ce qu’il y a de plus saint ; etc. Je n’avance tout cela qu’en voyant  les résultats opérés dans ceux qui ont été à Paris, à Langres ou ailleurs, faire soi-disant leur apprentissages. A quoi cela tient-il ? Précisément à cette faiblesse de caractère, à ce défaut de jugement qui sont l’apanage de quiconque sacrifié ses principes à l’intérêt, au lucre.

     Les usages propres à Neuilly sont assez nombreux ; pour mettre de l’ordre dans cet article, nous renverrons les usages religieux relatifs aux fêtes de l’année au Calendrier des Saints du diocèse que nous nous proposons de dresser, pour l’usage de Neuilly même. Quant aux autres usages, voici les plus remarquables.

    

   L’habitant de Neuilly se lève avec le jour, rarement avant, mais en hiver, il prolonge sa veillée jusqu’à dix ou onze heures. Les hommes causent pendant ce temps, lisent l’almanach ou travaillent à quelques petits ouvrages manuels, comme de raccommoder leurs outils, leurs instruments, leurs ustensiles. Les femmes filent ou teillent le chanvre ; souvent elles se réunissent 7 ou 8 dans une même maison pour faire l’écraigne ou veillée ; alors chacune contribuera à payer l’huile qui sera brûlée durant l’hiver.

     On fait ordinairement quatre repas, dont deux principaux : on déjeune avant de se livrer au travail ; on dîne vers onze heures ou midi ; on mairande ou l’on goûte vers quatre heures, et l’on soupe à la tombée du jour ; au retour du travail. Inutile de dire que les assiettes et surtout les serviettes sont inconnues ; si on se sert d’assiettes, bien entendu qu’on  n’en change pas. Tout le dîner se compose de la soupe et des légumes cuits au lard. La viandes de boucherie ne parait que les jours de noces ou de fête, rarement les simples dimanches.

     La forme des maisons est (1633, 1684, 1720, 1723, 1759, 1778) invariablement la même si ce n’est que depuis une quinzaine d’années, quelques rares habitants ont commencé à les bâtir un peu plus à la moderne, et à les couvrir en tuiles. Au XVII et même au XVIII siècle la porte d’entrée de la cuisine, celle de l’entrée et celle de la grange étaient rondes par le haut, il en reste peu de ce genre ; mais les autres parties ont peu changé.

     Voici le croquis de la disposition à peu prés constante des maisons.

 

 

 

                                              
       En voici maintenant la description. Chaque mai son complète comprend trois châts ou divisions sé parées par des murs. Le toit est en chaume ; les pignons et les autres murs  en moellons de pierre tendre, unis par un mortier boueux, que rongent les racines d’un lierre séculaire. Le premier chât ou compartiment est ordinairement précédé d’un porche, dont la saillie intérieure servait de buffet, élégamment garni d’assiettes bariolées, de bouteilles et de plats à barbe. La première pièce est la cuisine, contenant toujours une ou deux alcôves bien sombres et le vestibule qui cache la porte de l’escalier du grenier. Au bout de la cuisine se trouve le poêle, qui est toujours très obscur, paru qu’il n’est éclairé que par une fenêtre basse et étroite, qui donne sur le jardin et qui, pour surcroit le malheur est ordinairement ombragée d’arbres ou d’arbustes ; l’un des cotés est garni d’armoires en chêne antique, et l’autre, d’alcôves également en chêne. Au dessus de la cuisine, avons-nous dit, règne le grenier, qui ne reçoit de jour que par la petite fenêtre carrée superposée invariablement  à celle de la cuisine. Plus loin, se trouve un faux grenier, tout bonnement pavé de terre comme la grange. Le second chât comprend la grange, dans laquelle on entre par une immense porte, toujours précédée d’un battant brisé, nommé vulgairement le grand barrien. Au dessus de la grange se trouvent les réserves pour les fourrages et les gerbes. Enfin, on visite l’écurie, modestement annoncée par un petit barrien. Telle est à peu prés la description d’une maison, à la mode de Neuilly, et je lis dans des inventaires vieux de deux cent ans, que cette mode n’a pas changé depuis.

     Le plus bizarre de tous les usagers propre à notre village est sans contredit, la rentrée des moutons à l’heure où le berger les ramène le soir. Bien longtemps avant leur retour, on voit un membre de chaque famille se diriger gravement, armé d’une perche, d’une fourche ou au moins d’une gaule, vers l’entrée  de la rue par où ils doivent venir. Là, on jase, on commère, on en dit du long et du large. A peine a-t-on entendu les bêlements des moutons, que chacun se met en mesure d’arrêter, les siens au passage. Bientôt c’est une mêlée générale, une cohue d’hommes et de bêtes des plus pittoresques ; les gens veulent attraper les brebis ; les brebis veulent s’échapper. Bref, après une demi-heure de lutte et une heure et demie de perdue à attendre, ou reconnait que l’on n’a perdu qu’un mouton. Alors, au bat le village tout entier, on met tout le monde sens dessus dessous, jusqu’à ce qu’on se soit assuré que l’innocent quadrupède a eu assez d’instinct pour ne pas se perdre.

 

13 novembre 2012

        CHAPITRE XVII


  Costumes des Habitants

 

Dans les mémoires de la société archéologique de Langres, M. Paul Péchiné, architecte, a fait un article consciencieux et savant sur les costumes des Lingons de l 'époque gallo-romaine. Nous n'avons gardé de prendre dans ce travail ce qui nous convient ; il sera beaucoup mieux placé à la suite de l'histoire de cette époque.

Nous-mêmes nous avons recueilli sur le costume des habitants de Neuilly de bons renseignements, qui remontent à plus de deux siècles ; mais ce n'est pas encore ici le lieu d'en faire usage, car nous voulons nous borner à ce qui concerne l'état actuel.

Fidèles aux traditions gauloises, les hommes ont conservé la blaude ou blouse, qui parait être la palla de leurs ancêtres ; Virey le dit en citant ce ver de Martial :

Dimidiasque nater gallica palla tegit

 

C'est en effet un vêtement qui ne descend qu'à mi-jambe, et qui ressemble beaucoup à celui qu'on voit à certains individus représentés sur des bas reliefs ou ailleurs. Naguère encore il était du bon ton d'avoir une queue longue et sale de cheveux, que l'on attachait avec une tresse noire et qu'on laissait flotter négligemment sur les épaules. A cela on ajoutait un chapeau de feutre à bords rabattue, un habit blanc à larges pans, une culotte bleue, liée au genou et ornée de boutons de verre bleu ou de métal, et enfin de longues guêtres blanches en toile, serrées au genou avec une tresse rouge et sans sous pieds. Ce costume si grotesque, mais vénérable par son antiquité, a presque entièrement disparu ; la dernière queue a, je crois cessé de se montrer en 1849.

Longtemps la toile blanche, ou bleue, ou bariolée, a fait le fond de la plupart des vêtements, le grand habit seul avait le privilège d'être en drap ; on avait ensuite une espèce de veste en droguet, et voilà tout. Maintenant le drap est devenu moins rare, les indiennes et les rouenneries se répandent ; les redingotes et les habits à la française commencent à se monter, surtout parmi les jeunes gents. Il en est de même des gilets, des chapeaux et des autres vêtements ; mais tout cet extraordinaire n'est que pour les dimanches et les fêtes. Quant aux jours ouvrables, on se contente de la blouse sans ceinture et du bonnet de coton.

Arrivons aux femmes. Leur costumes n'est ni moins uniforme, ni moins antique que celui des hommes. Ainsi elles continuent de porter quant il fait froid, le capuchon, qui n'est autre que la cape de certains ordres religieux, le caban des Espagnols et la coule des arabes.Il consiste en une espèce de capote enveloppant la tête et à laquelle tient un fragment de mantelet découpé en pointe, qui tombe par le dos. Tous les antiquaires, surtout ceux de Langres, conviennent que c'est le Cardocucullus ou coucoule des Lingons, mentionné dès le premier siècle par Martial, qui dit :

Sie interpositus contaminat aucto
Urbiea lingonicus thirianthia bardocucullus

 
  Il parait que ce vêtement,  nécessaire contre le froid, était exclusivement usité parmi les Lingons, et aussi parmi les Santons (habitants de la Saintonge), car le poète dit encore :
 
Gallia qantonico vestit te bardo cucullo

  Trois traçons le portrait du costume des fermes de nos pays ; nous l’empruntons à l’auteur des recherche historiques sur l’arrondissement de Langres : Une taille courte, d’énormes jupes de droguet, un mouchoir plissé et ramassé derrière la tête et serrant le cou, un bonnet dit toquet ou teuque, rond, collant sur le front, et rempli par un autre bonnet piqué : voilà leur accoutrement ordinaire.

     A Neuilly, les femmes font, les jours de fêtes, jusqu’à cinq ou six toilettes différentes, qui remplissent presque les intervalles des offices. En voici le curieux détail : 1° Grand négligé en se levant, pour allumer du feu aller et faire le gros débarras. 2° Toilette propre pour aller à la première messe. 3° Petite toilette négligée, au retour, pour déjeuner, mettre le pot au feu et jouer un peu. 4° vers huit heures, grande toilette de luxe pour la grand’messe. 5° Au retour on serre ce que l’on avait pris de plus précieux et l’on se met en petite tenue, soignée cependant, pour les autres offices. 6° après les vêpres, on diminue encore quelque chose pour passer la soirée à causer sur le pas de sa
porte
 



                                                                                           
 
 

16 décembre 2010

CHAPITRE XVI

                                     VOIES DE COMMUNICATION

          Pendant longtemps la commune et le canton Neuilly ont été bien pauvre sous le rapport des voies de communication ; aujourd'hui, pour à l'administration du département et de l'arrondissement, grâce même au gouvernement, les choses commencent à s'améliorer. Nous allons présenter un résumé de ce qui concerne les routes et les chemin vicinaux, après avoir toute fois jeté un coup d'oeil sur les anciennes voies romaines qui intéressent notre canton ; nous dirons ensuite quelques mots de la navigation et des chemin de fer.

                                                I -  Voies romaines

          -Ce sont les Romains, conquérants des Gaules, qui les premiers les ont dotés de ces routes, de ces levées admirables que l'on retrouve encore après dix huit ou dix neuf siècles d'existence. Toute fois on se tromperait si l'on croyait que les lingons fussent sauvages au point de n'avoir aucune voie, aucun chemin praticable. Jules César affirme positivement le contraire lorsqu'il dit à ses troupes découragées qu'il voulait construire contre Arioniste : Quant à la difficulté des chemins, vous en jugerez bientôt par vous même.
          -Dans le tableau des routes romaines qui partent  de Langres ou qui y aboutissent, nous en avons trouvé cinq qui intéressent le canton de Neuilly, nous allons les  rappeler et y ajouter quelques développements.

          I - De Langres au Rhin -- De toutes les voies qui de Langres conduisaient au Rhin, celle-ci était la plus courte ; par son moyen , en moins de quatre jours, les Barbares étaient sur notre territoire et de là pouvaient facilement se répandre dans le reste des Gaules.C'est par là que vinrent Crocus en 264, les hordes germaniques en 275 et en 301 etc. (à moins qu'elles n'aient suivi allé n°II ???) On Pourrait ajouter que c'est aussi par là qu'ont pénétré dans nos contrées les Allier en 1814 et 1815, car la route qui nous occupe n'est autre que la route actuelle de Franche Comté, autrement dite route impériale N° 19, de Paris à Bâle. A ne la prendre qu'à Langres, elle passait à la ferme actuelle de Boute en Chasse, sur le territoire de Montlandon ; c'est même le seul point du canton de Neuilly qu'elle atteigne ; elle arrivait ensuite près de Rougeux et de Fays Billot, passait à Port sur Saône, à Luxeuil, à Belfort et au Rhin. J'oubliais de faire remarquer que également par cette voie que St Vallier, archidiacre de l'évêque St Didier, s'enfuit avec un grand nombre de chrétiens, qui tâchaient d'échapper à la fureur du terrible Crocus, roi des Vandales.Ils furent malheureusement atteints ou rencontrés par un détachement des Barbares et mis à mort à Fortus Abbucinus (Port sur Saône). Il est à remarquer que le villages de St-Vallier, qui doit très certainement son nom à son Saint patron, se trouve tour prés de cette route.

          II - De Langres à Strasbourg - Cette seconde route du Rhin ne fut pas moins fréquentée par les Barbares de la Germanie que la précédente.Il y a même de grandes probabilités que ce fut celle que suivit cette armée d'Allemands, battue prés de Peigney par Constance Chlore en 301. Elle passait à Peigney, non loin de la ferme de Haute-Oreille (territoire de Bannes), entre Bannes et Orbigny-au-Val, et arrivait ainsi sur le territoire de Neuilly, où elle est parfaitement conservée prés du bois de Salicaut. De là elle descendait dans la vallée de Pressot, au bois oriental du village même, franchissait le ruisseau du Grand-Lie ou du Val-de-Gris, traversait un canton dit encore de Pare et gagnait les territoires de Bonnecourt, de Frécourt, de Récourt, d'Arrecourt, de Fortilières, de Dammartin, de Malroy, de Parnot, de Lamarche, dans les Vosges, etc., et enfin Stasbourg et le Rhin. Nous avons sur cette route romaine beaucoup plus de particularités que sur les autres ; nous allons les réunir. D'abord, elle a donné son nom à plusieurs contrées du finage, telles que le coteau de la Pérouse et la Cheménée, mots évidemment dérivés de Petrosa, la voie pierreuse, et de Chemin. C'est sur cette même levée à gauche un peu avant d'arriver au finage de Bonnecourt que se trouve le lieu dit au Poirier à la Vierge, dont on raconte ainsi l'origine : des pélerins italiens, dit la tradition, suivant cette route, sans doute dans le ? siècle, creusèrent un petit trou dans le tronc d'un poirier et y déposèrent une Ste Vierge, qui, dit-ou encore, a opéré plusieurs miracles, mais dont aucun n'a été conservé en détail. Cet arbre, très-vieux et très-gros, a été coupé en 1847.
-      880?. On transporte de Varennes à Langres les reliques de Gengoul.
- ou 954
- ou 991
-   1115. Arnould, 1er abbé de Morimond suit cette route, dite alors le chemin du Bassigny.
-   1307. La porte de Sous-mur ou de Neuilly, à Langres, donnait sur le vieux chemin du Bassigny, par lequel venaient souvent les ennemis.
-   1578. Il était dit l'ancien et le grand chemin royal ; il fut alors constaté juridiquement que cet ancien et grand chemin Royale se continuait par le bois et sur la lisière, et que le chemin depuis naguère tracé plus bas est nouveau ; en effet, à l'autre bout du bois, on voit les vestiges d'une levée de pierres entrant  en droit niveau au chemin ancien ; et plus avant, en descendant venait  un chemin croisé, où le dit chemin, tirant à Marcilly se divise de celui qui va au dit Neuilly. Ainsi, on reconnut que le chemin allant à Neuilly est le grand chemin royal.
1650. C'est par cette route qu'eut lieu l'expédition dite la guerre de Langres, contre Aigremont.
1661. Un canton s'appelait : devers le Bas-Pérou ; un autre : en la Pérouse.
1664. En Charboeuf, tenant sur le hault chemin.
1670.      id                      En charme-heuderon, sur le haut-chemin (le même)
1683. En la Cheminée, tenant sur le chemin commun.
1683. En Renard,                   sur le chemin royal.
1690. Levée ou chemin consulaire allant de Langres à Verdum et à Moetz.



           III. De Langres à Bourbonne. - Cette voie n'est qu'une branche de la précédente, dont elle se détache au bois de Salicant, sur le territoire même de Neuilly. Elle conduisait à Bourbonne-les-Bains par les territoires d'Orbigny-au-Val, d'Orbigny-au-Mont, de Neuilly, de Plesnoy, pas Andilly, Rançonnières, Saulxures et le territoire de Damrémont. Plusieurs historiens de Langres ont confondu ce chemin avec le précédent, dont il n'est pourtant qu'un embranchement.
              
           IV. De Langres à Toul - Voici une des principales routes antiques des Lingons, l'une des trois dont l'Itinéraire d'Antonin et la table de Peutinger nous ont laissé la trace. Ils s'expriment ainsi :
D'Andematunnum (Langres) à Mosa (Meuvy)                           XII lieues.
De Mosa (Meuvy) à Novimagus (Neuchâteau).
De Novimagus (Neuchâteau) à Solimariaca (Soulosse)
De Solimariaca (Soulosse) à Tullum (Toul)                                XV lieues
     Cette route est peut être la plus intéressante de toutes celles qui traversent le canton de Neuilly. Elle longe à une petite distance la route N° 74 de Chalon-sur-Saône à Sarreguemines, autrement dite chez nous la route de Nancy. Cette route se détachait de celle de Langres à Trèves sur le territoire de Champigny, particularité mentionnée dès le temps de Strabon, qui dit en propres termes : Superato de hine monte Jurâ, ad sequanos et Lingonas pervenire ; hine bivinun est ad Rhenum et ad Oceanum. Il parle ici de la grande voie d'Agrippa, qui partaitde Lyon. Du territoire de Champigny, la voie qui nous occupe gagne celui de Changey, ou elle est encore bien conservée, passe à travers le bois de la Tête-du-Sac, appartenant à Neuilly, puis entre Frécourt et Chaufour, enfin prés d'Epinant, à Meuvy (Mosa), sur la Meuse, à Novimagas (Neufchâteau), à Solimariaca (Soulosse, dans les Vosges), charfin à Tullum (Toul). De là, on peut aisément la continuer par Metz jusqu'à Tréves, métropole des Gaules sous les derniers empereurs romains.Il est très probable que c'est par cette route que Constantin-le-Grand se rendit de Trèves à Autun et revint d'Autun à Trèves en 311 ; ainsi ce célèbre empereur a dû fouler notre territoire ; quand même il aurait suivi la route suivante, il aurait traversé notre canton.
  Voici les principaux faits qui se rattachent à la voie romaine de Langres à Tarb.
         1616. Dans un acte, il est appelé le chemin royal de Langres à Nancy.
         1638. En Rudorme, champ dit tenant d'un bout sur le Haut Chemin.
         1661. Le Hault chemin de la Thiellière
         1685. En la Glancey, sur le chemin royal
         1769. Canton dit le cheminot, bois de la Ferrière.

      V. De Langres à Reims, ou plutôt à Trèves . Cette route désignée par le F Vignier, Migneret et les autres écrivains langrois sous le nom de voie de Langres à Reims sortait par la porte dite depuis Longe-Porte, traversait la Marne, puis se dirigeait à travers les territoires de Champigny, de Charmes, de Lannes et de Tronchoy. Ces trois villages-ci appartiennent au canton de Neuilly, et je crois fort que le dernier tire son nom de la position prés de la route (Strata, estrea, etc...); c'était du reste une mansion romaine, comme nous le verrons plus tard. La route conduisait ensuite à Nogent, à Ageville, à Bourdon, à Rimaucourt,  à Reynel et à Cirfontaine, dans les environs duquel elle se bifurquait d'un coté sur Toul, et de l'autre, sur Verdum, Metz et Tréves.

 II -  Routes Impériales

Le territoire du canton de Neuilly-l'Evêque est traversé par deux routes impériales, dont la construction n'est pas très ancienne, et qui suivent en grande partie le tracé d'anciennes voies romaines.
       I - N°19. Route impériale de Paris à Bâle. Cette route ne traverse que deux petites portions du territoire de notre canton ; la première à Rolampont, sur la Marne, et la seconde à la ferme de Boute-en-Chasse, commune de Montlandon. Nous ne rappellerons pas ici tous les faits historiques qui peuvent se rattacher à cette route ; il se trouve épars dans toute cette histoire. Un curieux renseignement statistique a été recueilli sur le mouvement qui y règne. Les 6, 16, et 26 Août 1844, on a compté sur toutes les routes impériales (alors royales) de France le nombre de colliers qui les ont fréquentées et l'on en a déduit la moyenne pour chacune d'elles, département par département. Voici pour la route 19.


D'où l'on voit que notre département est un des plus actifs.

     II - N° 74 . Cette route impériale, dite officiellement de Châlon sur Saône à Sarreguemines, arrive, en sortant de Langres, à Bannes, qu'elle traverse en pleine, franchit le Grand Lyé sur un pont qui existait déjà au XVI siècle, traverse le territoire de Neuilly l'Evêque au N. à peu de distance et presque parallèlement à la voie de Langres à Toul, continue par Frécourt, le territoire de Bonnecourt, Montigny-le-Roy, Neufchateau, etc. Voici les détails Statistiques qui la concernent:


Ici, notre département a une infériorité évidente.


 III- Chemins de grande communication
ou Routes Départementales




 En 1846, le département de la Haute-Marne avait déjà classé et exécuté plus de 527 000 Km de chemin de  grande communication, composant 22 lignes, dont 2 intéressent le canton de Neuilly.
      N°1- Chemin de Rolampont a Mandres, classé en 1836. Il passe par Nogent-le-Roi et présente une longueur de 13 944 mètres ; il n'y a que la partie située sur le territoire de la commune de Rolampont qui soit de notre canton.
     N°5 - Chemin de Dammartin à Neuilly-l'Evêque. Il fut classé par le conseil général du département à la même époque que le précèdent, et traverse les communes de Andilly et de Rançonnières. Ce chemin part de la route de Chalon à Sarreguemines, prés du pont-de-Gueux, traverse Neuilly et les communes que nous venons de nommer et comprend en tout une longueur de 13 338.

IV - Chemins vicinaux de Neuilly

 Outre les routes précédentes, le canton de Neuilly est sillonné de nombreux chemins vicinaux de petite communication ; nous n'en donnerons pas la liste, parce qu'elle ne présenterait qu'un mince intérêt mais nous donnerons le tableau de ceux de la commune de Neuilly, tableau qui a été dressé en 1839.



     A ces 11 chemins ruraux il faudrait ajouter les suivants dont le tableau fut dressé dès le 30 mars 1803, puis le 25 juillet 1805, et recopié le 20 mars 1826. Malheureusement ils ne sont donnés que quant à leur largeur.
1. La Haie-Grillot, allait du village à la route de Sarreguemines ; c'est donc le chemin N°5 .........10M
2. La vieille route ou le chemin des Lorraines, de Langres à Bonnecourt (voie romaine)..............10M
3. Les Charrières, de Neuilly à Dampierre ........................................................................................6M
4. Le Marchet d'Oyèrer, sur le territoire.............................................................................................6M
5. Le chemin du mont de Bussières, allant de Neuilly à Changey et à la Tuilerie.............................6M

V. Chemins de Fer

        Bientôt le canton de Neuilly se verra traverser par le premier chemin de fer qui ait été construit  dans le département celui de Paris à Mulhouse ; longtemps on a attendu celui de St Dizier à Gray, qui est en étude depuis 1845 au moins, et qui se rattachera au précédent. Il y aura une station à Rolampont et une autre dans les environs de Langres ; Lecey a déjà été marqué par anticipation sur certaines cartes de projet.

VI. Télégraphe

D'après le décret présidentiel du 6 janvier 1852, Chaumont et Langres doivent être mis en communication avec Paris par des télégraphes électriques ; dans ce cas la ligne suivra sans doute la route N°19, qui passe à Rolampont, et sera par conséquent établie sur une fraction de notre territoire cantonal, qui n'y sera, du reste, aucunement intéressé directement.


VII. Cannaux

Dés l'an 55 de Jésus-Christ, sous le règne de Néron, L'Vétus, qui commandait dans la Germanie, avait formé le projet, comme nous le verrons à l'histoire des Lingons, de joindre par un canal la  Méditerranée à la mer du Nord. Ce canal devait se faire dans les environs de notre canton de Neuilly, sur les frontières du pays des Lingons, en joignant la Saône à la Moselle. Ce projet avorta alors, mais on l'a renouvelé depuis d'une manière qui nous intéresse bien plus directement. On a proposé, au commencement de ce siècle, de joindre la Marne à la Saône par le Saulon,au moyen d'une percée dans la montagne qui sépare Culmont de Balesme, dont la distance n'est que de cinq quarts de lieue. Ce canal réunirait alors la Manche à la Méditéranée, et desservirait le canton de Neuilly, que traverse la Marne à Rolampont. Si à ce premier canal, on ajoutait prés de Langres un embranchement qui réunit la Marne a la Meuse, on aurait une communication entre le sud, l'est, le Nord etle Nord-Ouest de la France. Or cette liaison pouvait se faire en canalisant soit le Val-le-Gris, soit le Petit-Lyé ou rivière d'Orbigny-au-Mont; la distance entre les sources n'est aussi que de cinq quarts de lieue. Ce projet avait été mis de côté pendant prés d'un demi siècles, lorsqu'on l'a repris en 1850 ; les journaux en ont parlé, entreautresl'Univers du 7 Octobre 1850.


                        Souverains qui ont traversé notre territoire.

937, LouisIV - 1147, Eugène III - 1434. Charles VII - 1440, id. - 1444 id. - et le dauphin Louis - 1519 François 1er - 1529 id. - 



19 février 2009

CHAPITRE XV

COMMERCE ET INDUSTRIE



----- Entièrement livré à la culture de son sol, jamais l'habitant de Neuilly n'a été tenté de se porter vers l'industrie ; c'est à peine si, à de rares intervalles, quelques tentatives ont été faites pour mettre en honneur quelques branches de commerce local.

---- Parmi les articles qui sont l'objet d'un certain commerce, figure en première ligne le blé, que l'on conduit et que l'on vend à Langres, mais plus spécialement à Gray ou à Neufchâteau.

---- Le 2 novembre 1810, la commune présente au préfet de la Hte Marne une pétition à l'effet d'obtenir d'établir à Neuilly un grenier d'abondance, où les habitants trouveraient à acheter du blé beaucoup plus facilement, et seraient en garde contre les accapareurs. Le Baron Jerphanion engagea le maire à dire aux habitants de garder leur grain, plutôt que de le vendre au premier venu ou de le conduire à grands frais à Gray.

---- Les Habitants de Neuilly contribuent à approvisionner les marché de Langres des produits de leurs animaux ; ainsi beurre, fromage, oeufs, poulets, veaux, etc., ils portent tous cela à Langres deux fois par semaines. Ce village doit même être compté parmi les communes de l'arrondissement qui se distinguent le plus dans la préparation du fromage si renommé, dit fromage de Langres.

---- Depuis une dizaine d'années la coutellerie commence à se répandre à Neully, mais elle n'est que comme un passe-temps durant les saisons où les habitants, presque tous cultivateurs, ne sont pas occupés aux champs.

---- Les usines sont presque nulles à Neuilly ; on y trouve seulement : quatre moulins à eau, quatre ou cinq moulins à vent, deux huileries, une petite filature à vapeur, une teinturerie avec un moulin à foulon, et enfin une tuilerie. Cette dernière est, après les moulins à eau, le plus ancien établissement industriel que nous connaissions à Neuilly ; elle existait déjà dès le XVIe siècle. Il serait curieux de faire l'histoire de chaque industrie, de chaque métier, tels qu'ils ont existé à Neuilly dans les siècles anciens ; je n'ai que fort peu de document à set égard, mais je les donnerai tout de même.
---- 1er siècle. Martial nous apprend qu'on fabriquait à Langres, et sans doute aussi dans les environs, des tapis renommés, qu'il mentionne dans deux circonstances :
-------------Tomentum concisa palus circense voctus
-------------Hoec pro lingonio stramine pauper ermit (XIV,160)
Et ailleurs:
-------------Oppressoe nimium vicina est fascia plumus?
-------------Vellera lingonicis accipe rasa sagis (XIV, 159)
---- Blé----César parle plusieurs fois des blés des Lingons, comme abondante et comme pouvant s'exporter. En 398, Stilicon en fit embarquer d'énormes quantités sur la Saône et le Rhône pour Rome, affligée de la disette.
---- Tannerie.1259. A cette époque, elle était très répandue au fbg de Sous-Murs, à Langres, et les habitants de Neuilly, etc. fournissaient l'écorce de chêne ; ceux de Bannes et de Rolampont et tous les autres villages appartenant au chapitre ne le pouvaient pas, excepter Chalindrey, privilégié à cet égard.
---- Blé et avoine. 1257, 1263, etc. On parle de celui de Neuilly. Voir pour les prix le tableau de P. Magnier depuis 1549-1771.
---- Mennuisier : Ph. Noirot 1601.
---- Moulins à eau : 1257, 1601, Cath Jamois. 1611, 1639, 1662, 1683, 1711, 1721, 1784.
---- Marchand : Ant. Genre, 1601. Nic. Febvre, 1607. Nic. Motot, mercier 1614, 1635, 1662, 1684, 1702, 1706
---- Tissiers : Guse. Menne, 1600, 1633, 1664, 1674, 1689, 1727.
---- Maréchaux : 1614, 1685, 1695, 1720.
---- Tuilerie : 1616, 1643, 1669, 1677, 1685, 1716, 1719, 1722, 1737, 1756.
---- Chapeliers : 1625, 1627.
---- Hôtelleries : 1625, 1662, 1693, 1720, 1741, 1758, 1761, 1778.
---- Cabarets
---- Bouchers : 1634,1638, 1681, 1693.
---- Charrons: 1635
---- Charpentiers : 1669.
---- Cordiers : 1669, 1678.
---- Serruriers : 1669, 1674, 1735.
---- Taillandiers : 1674.
---- Osier ou Vanniers ? 1674.
---- Tonneliers : 1674, 1691, 1693.
---- Charrons : 16.., 1675.
---- Cordonniers : 1678, 1686, 1696.
---- Moulins à vent : 1691, (voir carte), 1697, 1721.
---- Bourreliers : 1726, 1763.
---- Teinturier : 1726, 1788.
---- Nourrices, 1740.
---- Maçons
---- Salpêtriers : 1754.
---- Horlogers
--
---- 1778 Jean Desgrés, cabartier au moins depuis 1769, présente une requête à M M. les Fermiers-Généraux, en leur bureau établi à Neuilly, sur ce qu'il ne veut plus vendre vin ni mettre bouchon, et que les commis des dits Fermiers aient à venir démarquer les vins qu'il a. Le sergent de la communauté signifie l'acte du clémissionnaire à Me Nic Guillaumot, buraliste établi à Neuilly.

- Lorsque les vendanges sont terminées, il vient ordinairement à Neuilly un distillateur ambulant, qui loue une petite chambre, y construit son fourneau, y installe son alambic et fabrique l'eau-de-vie de chacun moyennant une certaine redevance en nature ou en argent.

- Ce que j'ai dit de la coutellerie depuis une dizaine d'années, je puis le dire de la tisseranderie depuis plusieurs siècles. Quinze métiers au moins fonctionnent pendant l'hiver et les autres temps de chômage du cultivateur. Ils fabriquent de la toile de fil plus ou moins fine et quelques pièces de draguet, espèce de drap, dont la chaîne est de fil et la trame de laine ; on sait que les draguets les plus estimés de France sont ceux de Langres et Chaumont, et des environs. On croit que c'est dans cette espèce de tissu qu'excellaient les Lingons nos ancêtres, tissu dont parle Martial sous les noms de tormentum et de vellera.

- Les toiles fabriquées à Neuilly y sont très souvent blanchies, mais sans préparation aucune ; on se contente de les étendre sur l'herbe, où la rosée de la nuit et les arrosages artificiels leur font bientôt acquérir une blancheur suffisante, sans leur faire perdre rien de leur solidité.

23 novembre 2008

CHAPITRE XIV

AGRICULTURE


Le Sol de Neuilly n'est pas des plus fertiles. Je trouve là-dessus des notes spéciales qui paraissent avoir été écrites vers 1810, et où notre commune n'est pas ménagée ; je n'ai pas pu savoir qui les avait écrites ; elles m'ont été communiquées par M Cl. Fr. Magnien, fils. Le territoire de Neuilly, dit cet écrit, est froid, et son sol, peu fertile, car presque toutes les récoltes ne sont bonnes à faire, et ne commencent à être faites que lorsque celles des territoires environnants sont presque entièrement rentrées. Et il est reconnu que si les récoltes sont quelque fois abondantes, cela ne provient pas de la fertilité du sol, mais bien plutôt de la bonne culture des terres et de la grande quantité d'engrais qu'on y met. Il arrive encore très souvent que tel champ qui a été bien cultivé et fumé, produit une récolte presque nulle, car le grain reste quelque fois bien longtemps avant la floraison, et ne rend que du blé d'une très mauvaise qualité. Bien souvent on voit des champs magnifiquement enclavés et donnant les plus belles espérances, et qui, au temps des récoltes, ne valent pas les frais de la moisson. Cela provient de ce que le grain n'est venu que par la force de l'engrais, et il est démontré en agriculture que ce grain n'acquiert pas assez de force et verse à la première intempérie de la saison. En Général, le blé que l'on récolte sur le territoire de Neuilly est d'une qualité inférieur aux blés de Lavernoy et de Longeau : tous les boulangers et toutes les personnes qui ont été dans le cas de faire usage de ces différents grains, pourraient au besoin affirmé la vérité de cette observation.

----Une autre remarque vient encore à l'appui de ce qui vient d'être dit : c'est que les fruits, en général, sont de mauvaise qualité. Par exemple, il n'est guère possible de manger des cerises et des raisins ; le vin n'est pas buvable. Que l'on transplante sur le territoire de Neuilly des plantes de bonne qualité soit d'abricotiers, de pommiers ou de poiriers, des ceps de vigne ou autres arbres fruitiers extraits des pépinières de Varennes ou d'autres communes, ils dégénèrent rapidement, et les fruits qu'ils produisent ne sont plus reconnaissables après quelques années. Que l'on emploie aussi, pour semis, des blés de Celles ou de Lavernoy, ils perdent dans l'espace d'un an ou deux leurs qualités premières. Voilà pour les terres labourables, voyons maintenant pour les prés.

----D'abord on peut se faire cette question : Pourquoi existe-t-il une si grande quantité de prés sur le territoire de Neuilly, en égard à son étendue ? C'est précisément parce que le sol du territoire est mauvais et marécageux, car il est évident que les prairies sont hors de proportion avec les autres propriétés, et que s'il en existe une aussi grande quantité, c'est qu'il n'a pas été possible d'en mettre quelque partie en culture avantageusement, et que les dépenses auraient excédé bien au delà le produit de ces terres ; c'est pourquoi on les a abandonnées pour en faire des prairies...

----Le manuscrit que j'ai cité manque malheureusement à cet endroit ; je le regrette, car il m'aurait certainement servi dans cette circonstance. On voit que c'est un homme entendu et qui connaissait bien Neuilly.

----L'agriculture est encore bien arriérée ; on ne se ferait jamais d'idée de la ténacité avec laquelle les cultivateurs suivent la routine de leurs pères. Toute innovation, toute amélioration est repoussée avec ces mots : nous voyons bien, mais ce n'est pas la coutume. Il est vrai que cette coutume qu'ils invoquent dure depuis deux mille, car nous lisons plusieurs fois dans Jules César que les Lingons, nos ancêtres cultivaient en grand le blé. Quatre siècles et demi après, en 398, par les soins de Stilicon, ministre de l'empereur Honorius, le sol des environs de Langres verra de son abondance sur Rome, et Rome fut sauvée d'une famine imminente.

----On se sert de la vieille charrue à avant train montée sur deux roues de bois et armée d'un coutre placé en avant du sac. On donne ordinairement trois labours, quelquefois quatre, pour les terres destinées au froment, au seigle, aux navettes d'hiver et au chanvre ; on se contente de deux pour l'orge, et d'un seul pour l'avoine. On passe ensuite la Herses. L'époque des semailles, comme celle des récoltes, varie assez, en général les premières sont préférables de bonne heure à celles qui sont tardives. Entre la semaille et la récolte, les champs ne demandent qu'un cerclage, lorsque les épis sont prêts à paraître.

----D'après l'antique coutume dont je parlais tout à l'heure, le cultivateur divise les terres labourables en trois soles ou saisons, dites les semailles de Lavaux, de Vauboulon et de Vautécon ; et cette division existe depuis plus de trois cents ans à ma connaissance. L'une des trois semailles reçoit le froment, le seigle, la navette d'hivers ; la seconde, l'orge, l'avoine, les pois, les vesces, des lentilles, du sarrasin, de la navette d'été, des navets, du chanvre ou des pommes de terre ; la troisième enfin reste en jachère.

----Le P. Magnien a fait un tableau du prix du blé à Langres depuis 1545 jusqu'en 18... ; je n'ai point ce tableau, mais voici la moyenne décennale du prix du blé en France depuis 1797.


1797-1807 ....................l'hectolitre----20,20

1807-1817 ......................................-----21,84

1817-1827 ......................................-----19,69

1827-1837 ......................................-----

1837-1847 ......................................-----20,05
-----La maturité générale du département est de 15 jours en retard sur Paris, quoique nous soyons d'un degré plus au midi.
-----Le canton de Neuilly n'est pas riche en vignes ; les habitants aisés en ont des quantités plus ou moins grandes dans les cantons voisin, notamment à Arbigny, à Rosoy, à Varennes, à la Ferté sur Amance, à Coiffy, à Celles, etc. C'est aussi de ces localités que se tirent les vins que l'on boit à Neuilly.
-----Les vignes sont presque toutes plantées sur le penchant du coteau, et très rarement en plaine. On les taille dans les premiers jours du printemps ; on fait ordinairement trois labours ou binages avec le focheur, ou fiche ensuite les échalas, et, lorsque la nouvelle pousse a acquis la longueur suffisante, on l'y attache avec des brins d'osiers ou de paille. On ébourgeonne ensuite, et lorsque la fleur est passée, on enlève les petites feuilles à l'extrémité des branches et les vrilles superflues.
----- Les principales espèces de raisins que l'on cultive sont le gamet qui est le plus abondant, et le pineau franc, qui est moins répandu. Le fil d'argent, le pineau gris et le chasselas blanc sont rares. Les râfles du raisin servent à faire de la piquette.
----- Nous ajouterons ici un petit tableau, incomplet, cependant, de quelques faits relatifs à la végétation extraordinaire de nos contrées.
---- 1289. Janvier. Les abricotiers et les pêchers et autres arbres de toute sorte etc. étaient déjà fleuris, ainsi que dans toutes les Vosges.
---- 1304. Janvier. Les abricotiers et les pêchers sont en fleurs.
---- 1400. Avril. La vignes était fleurie on vendange en août, dans les Vosges.
---- 1477. 24 Juin. Il n'y avait, au contraire, encore point de raisin pendants.
---- 1484. 15 novembre. La vendange ne fut ouverte que ce jour là dans les Vosges
---- 1500. On vendange au mois d'août dans les Vosges.
---- 1505. On vendange -----------------le 11 novembre dans les Vosges
---- 1540. Avril. les vignes étaient aussi avancées qu'en 1400
---- 1572. Janvier. La plupart des fruits à noyau étaient déjà fleuris.
---- 1585. Janvier. Même phénomène ; les arbres étaient tout feuillus ; les oiseaux commençaient à faire leurs nids.
---- 1644. 7 Mai . Les vignes, selon Gaultherot, étaient prêtes à cueillir partout, lorsqu'un étrange froid de plusieurs jours brûle les feuilles les raisins et les tiges.
---- 1805. Janvier. Les abricotiers et les pêchers fleurissent dans les Vosges.
---- 1811. Tout le monde se rappelle le vin de la comète.
---- 1816. Dans les Vosges, on vendange le 3 Novembre ; à Neuilly seulement le 8.
---- 1822. 29 mai. On fait du vin de treille à Epinal
---------- 22 juin. On récolte les seigles à Neuilly.
---- 1834. 1er mai. Les vignes dormaient encore, et le 31, elles portaient déjà du verjus.
-
-
---- Un grand obstacle aux progrès de l'agriculture, c'est le prodigieux morcellement des propriétés. A Neuilly, par exemple, d'après les travaux du cadastre, en 1834, il y avait déjà au moins 11 217 parcelles





04 août 2008

CAPITRE XIII - État militaire

ETAT MILITAIRE

Neuilly se trouve compris dans la zone militaire créée par décision royale du 25 Janv. 1839 ; cette zone n'embrasse que la partie orientale du département et ne s'étend que fort peu à l'O. de Langres. Cette dernière ville a été mise au rang des places fortes de 1ére classe par L.N. Bonaparte, président de la République, par décret du .. Mai 1849.


----La gaule nationale a été instituée par la loi du 2. mars 1831. Neuilly a offert pendant longtemps le spectacle grotesque d'environ 80 individus en blouses ou en vestes allant s'exercer aux premiers mots du commandement militaire dans les pâtis du Breuil ou du Viau. Au mois de Juin suivant, lorsque Louis-Philippe passa à Langres avec deux de ses fils, nous n'avions encore que le chef-de-battaillon, M Pierre Magnien, et le capitaine, qui furent habillés ; les autres avaient à peine commencé à recevoir quelques fusils.


----Un autre petit corps de troupes autrement équipé, c'est le corps des sapeurs-pompiers. Il fut formé au mois de Décembre 1826. Au mois d'août 1827, la commune passa un marché avec Jean François Aubert, fondeur en cuivre à Langres, pour l'équipement de 28 pompiers, de sorte que peu de mois après, ils étaient au complet ; ils l'étaient du moins en 1829, quand ils assistèrent à la brillante procession de la Mission.

---- Revenons à la garde nationale. Le Sieur Lami, ancien tambour de l'armée, demeurant à Celsoy, passe un traité, le 14 avril 1832, avec le maire de Neuilly et plusieurs autres, pour instruire les tambours de la garde nationale.

---- Comme chef-lieu du canton, Neuilly a toujours vu faire le tirage au sort des diverses communes qui composent son ressort. En 1845, 22 mai, on y passe même, pour la première fois, la révision des conscrits du canton.

---- Le canton comprend deux bataillons, l'un à Neuilly, l'autre à Rolampont ; mais quelle différence entre les deux ! Qu'on en juge par le fait suivant. Le 1er mars 1849, jour du tirage au sort, M Van Ténac, sous-préfet de Langres, distribua deux drapeaux qu'il avait reçut du Gouvernement. Il donne l'un au bataillon de Rolampont , parfaitement organisé, avec son commandant, Mr Guillemin, à cheval ; l'autre, il fut obligé de le donner aux sapeurs pompiers, parce que le bataillon de Neuilly n'avait pas même été convoqué ; ses officiers n'étaient point habillés.

---- En 1850, aucun des conscrits de Neuilly qui avaient amené de bas numéros n'a été reconnu apte au service, je n'en connais point les détails. La taille moyenne pour le département est de 1m 666, en prenant pour base les années 1837-1840.

02 août 2008

CHAPITRE XIII - Administration

ADMINISTRATION

----Neuilly L'Evêque, comme toutes les communes de France, a un maire et un adjoint ; le conseil municipal ne comprend que 12 membres.
----Le garde Champêtre assermenté fait, dans l'occasion, les fonctions d'officier de police.
----L'ancienne communauté comprenait le procureur fiscal, le syndic ou les deux syndics, le greffiers.
----Comme chef-lieu de canton, Neuilly a un juge de paix, deux suppléants, un huissier et un greffier. Il y a un notaire, sans comptes celui qui réside à Dampierre.
----Le comité local, créé en 1834, compte pour membres le curé, le maire, MM. Frionnet, médecin et Auvigne, marchand.
----Voici l'état revenu pour 1850


----État indicatif des centimes de franc de la contribution fourière depuis 1836 jusques et y compris 1850

----Le cadastre de la commune a été terminé sur le terrain le 2, 8bre, 1834, sous l'administration de MM. Ladoucette, préfet de la Hte Marne, et Boisselier, maire de Neuilly, sous la direction de MM.Sourdat, directeur des contribution, et Quilliard, géomètre en chef, .. M. Fourier, fils, géomètre du cadastre. L'atlas de ce plan cadastral est à l'échelle et comprend 7 divisions et 14 feuilles, dont une est le tableau d'ensemble à 1/10 000 avec le plan du village.



24 juillet 2008

CHAPITRE XI - Population etc..

POPULATION, etc.

-
Le canton de Neuilly a, comme nous l'avons déjà dit, une superficie de 18 132 hectares ; or, il devrait en avoir 21 904, pour être à la moyenne des autres cantons de la Haute Marne ; c'est donc un des plus petits.
-
C'est aussi un des moins peuplés ; la moyenne pour les 28 cantons de notre département est de 9360 habitants (recensement de 1846), tandis que celui de Neuilly n'en a que 8773, pour cette même époque.
-
Quoi qu'il en soit, cette population augmente, comme on peut s'en assurer par les résultats des divers recensements que j'ai pu me procurer.
-
----1801, le canton comptait officiellement
----1846, la canton comptait officiellement ----8773
----1843, 1er Janvier...................................---8783
----1845 1er janvier......................................---8825
----1831......................................................----8474
----1841......................................................----8630
----1836......................................................----8563
----1821...........................................----
----1826,................................................
----1811,.................................................
----1806,...............................................
-
----Si nous passons maintenant à la population de la commune et paroisse même de Neuilly-L'Evêque, nous aurons quelques détails de plus à donner. Nous allons d'abord présenter un tableau de la population à diverses époques, mais en indiquant soigneusement les sources où nous puisons.
-
1468. D'après un acte que le P Magnier dit avoir vu, et où il se trouve environ 180 habitants nommés ; cela ferait peut être : ---------------300 hab
1620. Dans un acte de vente de bien communal sont nommés 119 chefs de famille ; ce qui suppose environ : .....................................580 Hab.
1636. D'après un autre acte, 115 chefs de famille seulement, depuis la peste
........................................................................................550 hab.
1693. Rôle de 128 taillables, plus 14 veuves ; au moins ..... 700 hab.
1711. Rôle de 136personnels taillable
1766. Un Dictionnaire géographique de cette année donne à Neuilly 154 feux, donc environs
........................................................................................770 habit.
1771. Un autre Dictionnaire, par Robert de Hesselein, n'en donne que
........................................................................................500 hab.
1784. Daprès le rôle des tailles, 197 chefs de famille.......... 950 hab.
1801. D'après le recensement officiel.................................1014 hab.
1802. Estimation de la mairie (Août) ................................1060 hab.
1802. Autre .........................Novembre)............................1066 hab.
1814. 1er janvier ; état nominal du P Magnier ....................1253 hab.
1817. 1er janvier " " " " " " " " " " " " " " " " " "........................1274 hab.
1821. 1er janvier " " " " " " " " " " " " " " " " " "........................1321 hab.
1826. 1er janvier " " " " " " " " " " " " " " " " " ".......................1360 hab.
1831. 1er janvier " " " " " " " " " " " " "." " " " "" .....................1383 hab.
1831. Le recensement officiel n'accuse que .......................1212 hab.
1840. 1er janvier " " " " " " " " " " " " " " " " " ........................1215 hab.
1841. 1er janvier " " " " " " " " " " " " " " " " " .........................1240 hab.
1843. 1er janvier " " " " " " " " " " " " " " " " "..........................1250 hab.
-
On comprend bien que plusieurs de ces chiffres sont inexacte, et qu'ils ont besoin d'être discutés l'un après l'autre. Nous y reviendrons.
-
NAISSANCES
-
----Le travail résumé que nous allons présenter a été extrait de trois ouvrages spéciaux : les registres des naissances, etc., de l'état civil ; le volumineux recueil du même genre, du P Magnier ; et le non moins volumineux livre de Généalogies , du même auteur.
-
----Voici d'abord un tableau qui embrasse, en sept groupes, une période de 63 ans.
----1775-1784,___ 221 garçons, 160 filles, 381 en tout, 38 ,10 par an.
----1785-1790,____ 90 garçons, 105 filles, 195 en tout, 32,50 par an
----1803-1812(1) __________________387 en tout, 37,5 environ
----1813-1823____________________345 en tout, 34,50
----1823-1832____________________313 en tout, 31,30
----1833-1842____________________374 en tout, 37,40
----1843-1849_____116 garçons, 115 filles, 231 en tout, 33,00
-
(1).. Plus les 3 derniers mois de 1802 et 9 jours de septembre.
-Si ces chiffres sont exactes, nous pouvons en déduire
-
1°- qu'il naît en moyenne plus de garçons que de filles, puisque nous en trouvons 427 pour les premiers, et 380 seulement pour les secondes, durant la même période
2°- que la moyenne annuelle des naissances à Neuilly est de 34,93, ou environ 35 ; c'est-à-dire qu'il naît, année moyenne 34 à 35 enfants.
-
----Les naissances illégitimes étaient très rares autrefois ; elles commencent à le devenir beaucoup moins, malheureusement ; nous nous garderons bien d'en examiner ici la cause ; qu'il nous suffise de présenter le tableau suivant, qu'il embrasse une période de 250 ans. Il n'est pas douteux cependant que les résultats seront trop faibles, parce qu'il est rare que tous les enfants naturels soient inscrits sur les registres, soit par suite de l'exposition, soit pour tout autre motif.

On remarquera que c'est de 1750 à 1775 que le nombre des enfants naturels commence à s'accroître d'une manière considérable ; ne serait-ce point un effet de l'empire qu'avait pris le scandale public, de la prétendue philosophie, de la destruction des Jésuites, etc. ?
-
---- Les Naissances doubles ou les enfants jumeaux ne sont pas rares ; mais je n'ai trouvé qu'un seul car de couche triple. En 1726, le 13 avril Anne Hudelet, femme de Cl. Royer, mit au monde trois filles jumelles, qui moururent toutes les trois le 16 du même mois.
----Quant à la fécondité proprement dite par le nombre d'enfants de même famille, nous pouvons l'établir par le tableau suivant, tiré du livre des Généalogies de M. Magnien.
----On trouve au moins :

----Au dessus de ces nombres, nous trouvons :

--------Toussaint Millot, mort en 1736, père de 17 enfants
--------Jean Noirot, mort en en 1850, père de 17 enfants

--------Etienne Richard, mort en 1711, père de 19 enfants

--------François Simonnel, mort en 1734, père de 20 enfants

--------Jean Gallisot, mort en 17??, père de 25 enfants

- MARIAGES
-
----Les mariages n'ont commencé à être inscrits qu'en 16..., c'est-à-dire ......ans après les naissances ou baptêmes. Nous avons à constater peu de chose sur ce sujet ; nous ferons cependant remarquer que la plus grande partie des mariages se célèbrent dans le courant de janvier et de Février, c'est à dire entre l'avant et le Carême, ou bien en novembre, alors que tous les travaux de la campagne sont interrompu par l'hiver.

-----A ces résultats, qui semblent si capricieux, nous ajouterons ceux des années suivantes, qui ne le sont pas moins :


----On voit rarement un homme se remarier jusqu'à trois fois ; je ne connais qu'Etienne Gallissot, mort en 1808 qui ait convolé en quatrièmes noces.
-
----Je pourrais citer plusieurs couples qui ont paisiblement accompli ensemble la cinquantaine ; je ne les ai pas sous la main maintenant.
-
Je n'ai en connaissance que les deux mariages réhabilités, l'un en 1788, l'autre en 1834. Ce
derniers me paraît avoir été contracté au fameux village de Greetna-Green en Écosse.
-
----Enfin, pour tout dire, Neuilly n'a vu, durant la malheureuse révolution, qu'un seul divorce : Jean Regnier, qui a quitté sa première femme, Colette Varney après 14 ans de mariage.
-
DÉCÈS
----Neuilly n'est pas de ces climats insalubres, où la vie soit abrégée, et où les décès surpassant les naissances, comme le prouve le tableau suivant ; cependant, il a eu ses mauvaises années. Commençons par établir la moyenne annuelle, comme nous l'avons fait pour les naissances.


-----Ces Chiffres établissent d'une manière évidente que la moyenne annuelle des décès flotte entre 28 et 29. Le statisticien "de Clermonferrand "(je ne suis pas sure de la transcription !!! on peut lire aussi Edmond Ferrand......)
----Cela posé, voyons quel est l'accroissement annuel de la population.

----Si la moyenne des décès est annuellement de 28 à 29 depuis que Neuilly compte de 11 à 1300 âmes, cette même quantité est un chiffre extraordinaire pour les siècles précédents. C'est ce qu'il faudra se rappeler dans le tableau suivant, où se trouvent consignées les années les plus remarquables par la mortalité.
--------1629, alors que la population n'atteignait pas 600 âmes, Neuilly eut environ 24 morts d'adultes, et en tout au moins

----Un article non moins curieux serait de constater l'âge moyen de tous les décédés ; mais je n'ai là-dessus aucune donnée. Cependant je puis offrir une liste bien longue de nonagénaires, et même de quelques centenaires.



Resterait à faire la moyenne des naissances, des mariages et des décès en égard à la population, et à la comparer à ce qu'elle est pour le département et pour la France.





22 juillet 2008

CHAPITRE X - Bois et Forêts

BOIS ET FORÊTS


Le département de la Haute Marne est un des mieux boisés de toute la France ; le canton de Neuilly n'est pas des plus favorisés dans ce rapport, et pourtant il est loin d'être pauvre en bois.

Nous pourrions faire remonter l'histoire de nos bois jusqu'au XVI siècle ; (1266, 1468,1578, 1616, 1636, 1650, 1663, 1685, 1722, 1736, 1737, 1740, 1741, 1742, 1753, 1750, 1751, 1765, 1769, 1774) nous pourrions dire, par exemple que dès ces temps reculés, les inspecteurs des bois et forêts du royaume sont venu y frapper du marteau royal les chênes et les autres arbres remarquables par leur taille et leur belle venue.

En 16, on voit le partage de bois communaux établi de temps immémorial. En 1685, un long procès intenté aux manants et habitants de Neuilly-l'Evêque par leur seigneur, l'évêque duc de Langres, se termine à l'avantage de ladite communauté. Nous pourrions encore citer d'autres faits de ce genre, mais nous nous bornerons à présenter le tableau de la contenance desdits bois à diverses époques. Plusieurs fois l'arpentage en a été fait officiellement, notamment pour le procès ci-dessus mentionné

Les bois arpentés en 1733 par le sieur Geoffroy, arpenteur juré de Langres ont produit les résultats suivants.

Bois de la Glancey.....................65½ arpents, 19 cordes
" " " La Teste du Chéchot..............90 arpents , 40 cordes
" " " Le Pré aux Veaux...................19 arpents , 20 cordes
" " " Le Meudié (la Tuilerie), .........19½ arpents, 24 cordes
" " " La Charmée...........................12 arpents, 42 cordes
" " " Le Pré du Bois .......................25½ arpents, 00 cordes
" " " La Vézure..............................45½ arpents, 30 cordes
" " " La Loichière et les Ruaux........39 arpents, 34 cordes
" " " Le Flénot................................13 arpents, 40 cordes
" " " Le Petit Fayl............................54 arpents, 23 cordes
" " " Le Grand Fayl.........................84 arpents, 39 cordes
" " " Les Broussailles de la Riepp.....14 arpents, 31 cordes

.........................................Total 470 arpents, 21 cordes, ce qui fait , je crois, environs 240 hectare, plus les 14 arp. 31 c. de broussailles, 7 hect., 50 ares.

Un autre arpentage, fait d'après l'ordonnance du grand-maître des Eaux et Forêts au département de Paris, le 21 Mars 1750, par Antoine Petot, arpenteur-juré de Sens, résidant à Voulaine, donna les chiffres suivant : 731 arp. 36 Perches de l'ordinaire, c'est à dire la perche de 22 pieds de roi ; ce qui donnerait, selon mon calcul, 389 hect. 15 ares.
Enfin, la contenance actuelle, reconnue par les arpenteurs du cadastre en 1834, est établie de la manière suivante :

Bois de la Tuilerie, ..................................2399,90 ares
Bois de La Réserve, ...................................1971,40
..........autre Réserve..................................6774,00
..........La Grancey......................................6792,00
..........Le Petit Fays....................................2500,30
..........Le Grand Fays..................................3361,10
..........Le Plesnoy........................................1819,80
..........Les Riaux.........................................12316,60
..........La Charmée.....................................786,70
..........Autre Charmée.................................562,10
..........Le Salicant.......................................1267,90
..........La Rieppe.........................................781,80

Ce qui donne un total de 537 hect. 34 ares, dont le revenu imposable est de 9627 f. 80
Aujourd'hui, chaque famille reçoit tous les ans un lot de bois qui se monte de 7 à 8 stères, plus 100 à 150 fagots. Mais les habitants sont tenus de faire dans certaines circonstances quelques circonstances des journées corvées, pour relever les terres, enlevés des mottes, creuser ou nettoyer des fossés, tracer des sentiers, etc. ; cependant, depuis quelques années, on a imposé à chaque chef de famille une prestation annuelle de 1f,50 en sus, c'est à dire 6f en tout, pour les débarrasser de cette corvées et l'ouvrage n'en est que mieux.

13 juin 2008

CHAPITRE IX - Productions Du Régne Animal

PRODUCTIONS DU RÈGNE ANIMAL

Parmi les animaux domestiques, figurent : le cheval de race commune, l’âne et le mulet, très rare, le bœuf et la vache, la chèvre, peu répandue, le mouton, le porc, le chien, le chat, le lapin à poil soyeux et le cochon d’Inde.

Le canton est si bien boisé qu'il renferme beaucoup d'animaux sauvages, tels que : le sanglier, le loup, le renard charbonnié à queue noire, le blaireau, la loutre (rare), la marte, très rare, le putois, la fouine , la belette, l'écureuil ( peut être inconnu), rare, le campagnol, le lérot?, le mulot, la taupe, la musaraigne, le hérisson commun, le rat, la souris depuis 1730, époque de son apparition en France, et la chauve-souris ; peut être quelques chats sauvages.

Le gibier quadrupède nous offre : le sanglier, le cerf, (ou en a pris un à Neuilly en 1848), le Chevreuil, moins rare, le lièvre, très répandu ; mais le lapin de garenne est inconnu en terriers à l'état sauvage ; on en élève comme le lapin à duvet.

Oiseaux domestiques ou de basse-cour. On élève des oies, des poules, des coqs, des canards, des dindons quelquefois, des pigeons.

Parmi les oiseaux de proie : la buse, la sous-buse, l'oiseau de St Martin, la cresserelle, l'épervier, le hobereau, le tiercelet, le gerfaut, le buzard, l'émérillon commun, la chouette, l'effraie, la hulotte, le chat-huant, le corbeau, la pie, dite vulgairement l'agace, la corneille, la pie-grièche, le geai, l'écorcheur, le coucou.

D'autres espèces d'oiseaux ne sont pas moins répandues ; tels sont : le ramier, la tourterelle, la perdrix grise, le râle, la caille, l'aleyon ou pique-véron, la huppe, le grimpereau, le pic-vers, la sistelle, l'engoulevent, le cabaret ou linotte de vigne, quatre sortes de mésanges, de lavandière, la bergeronnette jaune, le troglodyte, le rossignol, la fauvette bec-figues, le rossignol de muraille, l'epeiche ou cul-rouge, le cul-blanc, le moteux, le traîne-buisson, , le bruant, la linotte, le proyer, le friquet, hoche queue, le bouvreuil, le verdier, le merle, le mauvis, le draîne, la grive, la perdrix, le loriot, le moineau, l'hirondelle ou martinet, l'étourneau d'eurapi, le gros-bec, le pinson, le chardonneret, l'alouette, le roitelet, le pipi, le boeuf ou pouillot, le traquet, moineau bartavelle rare ; l'hiver amène des plouviers, des vanneaux, des morillons, des oies sauvages, le canard sauvage, la poule d'eau, la morelle et le râle d'eau, sont les principales espèces aquatique.

Quant aux oiseaux de passage, nous citerons : l'aigle, l'autour, le buzard, la bécasse, la bécasine, la grue, la cigogne, l'hirondelle de mer, le pinson des ardennes, le pluvier, le rouge-gorge, la sarcelle, le torcal, le tarin, le vanneau, le héron, le butor, le courlis. Les grandes espèces aquatiques ne s'y arrêtent pas. L'hiver amène les mésanges du N. de l'Allemagne, le pinson des Ardenne, le pinson de neige et autres espèces inconnues ici.

En fait de reptiles, nous n'avons que la couleuvre à colliers, le colubes austriacu ou lisse, sans venin, l'orvet ou serpent de ver, très commun, la vipère-aspic, rare, mais venimeuse, qui met bas jusqu'à 15 à 20 petits en été ; c'est Virey qui dit l'avoir rencontrée dans le canton de Varennes, la grenouille rousse, la grenouille verte, les crapauds de toute sorte, la raine verte, la salamandre palmipède, dans les eaux dormante, et la salamandre à crète.

Viennent ensuite les poissons. Il y a des truites ( peut être le saluro-fario) l'anguille, le brochet, la carpe, le barbeau, des tanches dans l'Amance, beaucoup de meuniere (eyprut dabula), de vairon, de gardon, de loche, de lottes recherchées ; on trouve encore et surtout des épinoches, des goujons, des montelles, des barbottes, des chabots, des écrevisses, autrefois trés communes, aujourd'hui rares ; on en a vu d'énormes en Vivey. Dans les eaux stagnantes vivent surtout des anadontes, l'unio littoralis, l'unio pictorum, des dragonneaux ou jardium aquaticum, dans les marécages les sangsues communes (beaucoup en Vaucoulon, des plamaires, des lombries tubicolor. Ajoutons la limace, le limaçon, l'escargot, dont on recueille quelquefois des quantités énormes, et l'araignée.

La liste des insectes serait la plus longue de toutes, si on pouvait les nommer tous ; Bornons-nous aux indications suivantes. Le canton de Neuilly l'Evêque ne renferme aucun insecte venimeux ; on y trouve peu de coléoptères, on cite le curabe et de nombreuse tribus herbivores, entre autres les scarabéidès, les cérambyines, les chrysomètes, les brucher et les lépidoptères nocturnes. Viennent ensuite les lucanes, les mélolonthes, les cancharides, les lymexylons, plusieurs mycétophages diapères et de nombreux bolétophages, etc. On connaît les bruches des pois, les attélabes et les rynchites de la vigne, la calandre du blé, divers cerambyx, galéruques et endomyques, coléoptères du Bassigny ; beaucoup de grillons et de courtillières, de criquets ; moins de sauterelles, mais quantité de guêpes , de frelons et de crabons. Dans certaines années, on voit d'innombrables tipules, mouches à siles, empis, taon, cousins etc.

Terminons par le Xylocopes ou perce-bois, les chenilles, si désastreuses, les hannetons, les fourmis, les charançons, la coccinelle ou bête à bon dieu, l'altise des crucifères, et enfin, l'industrieuse abeille, qui est très répandue, et que l 'on élève pour son miel, plutôt que pour sa cires.

Mon petit mot :
Sur la partie poissons, je n’ai pas pu vérifier la bonne traduction de certains noms, n’ayant pas de livres adaptés.

Pour les insectes, les reptiles et sur les oiseaux de passage, idem, mes livres ne suffisent pas pour certains noms.

Sur le reste de la partie des oiseaux, je possède un vieux livre de 1925 de C Frionnet professeur de sciences naturelles, nommé « Les oiseaux de Hte Marne »

Certain nom comme la musareigne , je l’ai ai écrit comme il est sur le livre.

Sous buse = Busard-Circus Cyaneus (L.)

Hobereau = Faucon - Falco Subbuteo (L.)
Cresserelle = Faucon - Cerchneis Tinunculus(L)


Tiercelet = Faucon cresserelle ou Epervier ordinaire - Cerchneis Tinnunculus (L) - ou Accipiter nisus (L). Les deux on Tiercelet comme nom familier.

Gerfaut ???

Emérillon commun =Faucon Emerillon - Falco Oesalon
effraie = Chouette

Chat Huant = Chouette Hulotte
Ecorcheur = Pie Grièche écorcheur

Alcyon = Martin Pêcheur

Engoulevent : Caprimulgus europœus (L)(sur mon livre )et qui devient europaeus

Cabaret = Sizerin cabaret-Acanthis linariar (L)
Linotte de vigne = linotte ordinaire - Acanthis cannabina (L)

Lavandière = Bergeronnette grise

épeiche = Pic épeiche

Cul Rouge = Rouge Queue

Traine Buisson = Accenteur Mouchet - Accentor modularis (L)

Proyer = Bruant proyer - Miliaria calandra (L.)

Friquet = Moineau

Hoche queue = Bergeronette grise - Motacilla alba (L.)

Maurvis = Mauvis - Turdus iliacus ( sorte de grive)

Draine = ?

Boeuf = Roitelet triple Bandeau - Reglus Ignicapillus

Traquet = Traquet rubicole - Pratincola rubicola (L.)

Torcol = Torcole - Jynx torquilla (L.) (ordre des Pici)

Tarin = Verdier - Chloris chloris

Butor ??


12 juin 2008

CHAPITRE VIII - Production Du Régne Végétal

PRODUCTION DU RÈGNE VÉGÉTAL


Dresser une flore complète du canton de Neuilly serait chose peu utile à la plus grande partie des lecteurs ; cela ne serait d'ailleurs bien difficile, car je ne suis pas botaniste. J'ai cependant recueilli des listes assez étendues de plantes qui croissent naturellement ou que l'on cultive dans nos pays. L'abbé Mathieu, Virey, l'auteur de la Flore des Vosges et plusieurs autres m'en ont fourni les éléments. Je ne bornerai aux végétaux les plus communs ou les plus remarquables, surtout à ceux qui peuvent être de quelque utilité ou de quelque agrément.

La grande variété du sol permet au canton de Neuilly de réunir une grande diversité de plantes ; ainsi, végétaux des bois, des prés, des lieux humides, des coteaux élevés, des terrains incultes, etc. : tout s'y rencontre ; mais les genres sont naturellement bornés à ceux qui croissent dans les terrains jurassiques, et dans les plaines de trois à 500 mètres d'élévation au dessus du niveau de la mer. Il faut avoir égard à la température, à la latitude et à diverses autres circonstances qui modifient nécessairement la végétation.

Parmi les arbres des forêts, on distingue : le chêne (quersus robus ; q. racemosa), le charme, l'orme, le foyard ou hêtre (fagus sylvatica), l'aune ou verne, le bouleau blanc, l'érable, le plane, l'alizier, le sorbier, le cornouillier, le cornier, le tremble, le frêne, le tilleul, le noisetier, le merisier ou cerisier sauvage, le poirier sauvage, le pommier sauvage, le genévrier, seul arbre vert de la famille des conifères dans la forêt. Ajoutons le noyer, le long des routes et ailleurs le saule, le peuplier ; il n'y a point de marronnier, ni de châtaignier.

Les arbrisseaux les plus répandu sont : la viorne ou marreine, le sureau, le troëne, l'épine blanche et jaune, le groseilliers, l'églantier, le faux pistachiers, le robinier ou faux acacia, le rosier sauvage, le prunellier, le framboisier, la ronce, le camérisier des bois, la bruyère, le jolibois ou bois-gentil, l'ajonc ou jonc marin, le houx, le lierre, l'obier, le nerprun, le fusain ou bonnet carré, ou bonnet de prêtre.

Entre autres arbres fruitiers cultivés : le prunier, le pommier, le poirier, le pêcher, notamment celui des vignes, le noyer (la plupart gelés par l'hiver de 1789), l'amandier, très rare ; le cerisier, le merisier, utile au placage, l'abricotier, la vigne, dont les principales variétés sont le gamet, le pinot franc, le pinot gris, le chasselas blanc, le cendré.

Les céréales sont abondantes : bon froment, seigle, carémages (ainsi nommé, parce qu'on les sème en Mars) : avoine, orge, pois, vesces, sarrasin ; point de millet en grand, poins de maïs ou blé de turquie, sinon comme curiosité. Navet, carotte, colza, pavot, chanvre, pomme de terre.

Sur les coteaux et dans les vallées abondent des plantes aromatiques : menthe, calament, pouliot, sauge, origan, serpolet, thym, etc. Çà et là, quelques plantes amères : petite centaurée, tanaisie, gentiane, germandrée, chardon béni, chausse-trappe, eupatoire, etc. Une foule de plantes vireuses : solanum, jusquiame, ciguë, pavot, renoncule, viorne ou clématite, chélidoine, tithymale, ellébore noir ou pied de griffon, etc. Ajoutons : véronique, jasione, cuscutes, lathraea, orobanche, rhinantus, beaucoup de topopagon dans les prairies, beaucoup de polygonum, d'ornithogales et d'asphodèles. Les genres rosa, rubus, fragaria, potentilla, tormentilla, agrimonia, alchemilla, geum, spiraea, crataegus, prunus ou primus, cerasus, pyrus, borraginée, dans les lieux humides, beaucoup de crucifères, proyères. Sur les collines, plusieurs labiées, polygala, eufraise, etc.

Parmi les cryptogannes, figurent les mousses, les lichens, , les champignons ; il y en a à plaisir, et de dimensions extraordinaires ; ainsi, Virey cite un lycoperdon bovista qui avait 27 pouces de circonférence. On cite encore la chanterelle, le mousseron, l'agaric de chêne, le bolet azuré, le bolet barbe de chèvre, la truffe, la vesse de loup, l'hydre imbriquée. La gesse tubéreuse (lathyrus tuberosus), vulgairement méguson ou macujon, dans les terres labourables ; cuite, elle est préférable aux chataignes ; cette plante a de jolies fleurs rouge, d'une odeur agréable, mais quand on la cultive, c'est aux dépend des tubercules.

Les pairies basses ou souvent submergées abondent en renoncules, soucis des marais, laîches, souchets, joncs, ombellifères âcres et vénéneuses, qui donnent un mauvais fourrage.

Enfin, parmi les autres plantes du canton, que nous voudrions voir rangées dans un meilleur ordre, nous nommerons le fraisier commun, le marteau, la macre ou châtaigne d'eau, l'oseille, la patience sauvage, la barbe de bouc, l'épinard sauvage ou bon-henri, le cresson de fontaine, la mâche ou doucette, la lampsane, le pissenlit, la raiponce, le panais sauvage, le gaillet ou caille-lait, le colchique d'automne ou vaïenttes, la morille, le salsifis sauvage ou balibeut, etc.

Ajoutons les légumes, etc.

.... (mot non transcrit) avant 1788 Toussaint Robert teinturier et bourgeois à Prautoy, venait souvent à Marcilly chercher de la genesrole pour teindre.

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Mots dont je n'ai pas trouvé de traduction :

Tchymale, Topopagon, proyères ???