Documents : Histoire de Langres et ses environs

Extrait d'un recueil de notes nommé Histoire de Langres et des environs,comprenant un essai de l'histoire générale de Neuilly (tome 13), ecrit le 04 juin 1862

16 décembre 2010

CHAPITRE XVI

                                     VOIES DE COMMUNICATION

          Pendant longtemps la commune et le canton Neuilly ont été bien pauvre sous le rapport des voies de communication ; aujourd'hui, pour à l'administration du département et de l'arrondissement, grâce même au gouvernement, les choses commencent à s'améliorer. Nous allons présenter un résumé de ce qui concerne les routes et les chemin vicinaux, après avoir toute fois jeté un coup d'oeil sur les anciennes voies romaines qui intéressent notre canton ; nous dirons ensuite quelques mots de la navigation et des chemin de fer.

                                                I -  Voies romaines

          -Ce sont les Romains, conquérants des Gaules, qui les premiers les ont dotés de ces routes, de ces levées admirables que l'on retrouve encore après dix huit ou dix neuf siècles d'existence. Toute fois on se tromperait si l'on croyait que les lingons fussent sauvages au point de n'avoir aucune voie, aucun chemin praticable. Jules César affirme positivement le contraire lorsqu'il dit à ses troupes découragées qu'il voulait construire contre Arioniste : Quant à la difficulté des chemins, vous en jugerez bientôt par vous même.
          -Dans le tableau des routes romaines qui partent  de Langres ou qui y aboutissent, nous en avons trouvé cinq qui intéressent le canton de Neuilly, nous allons les  rappeler et y ajouter quelques développements.

          I - De Langres au Rhin -- De toutes les voies qui de Langres conduisaient au Rhin, celle-ci était la plus courte ; par son moyen , en moins de quatre jours, les Barbares étaient sur notre territoire et de là pouvaient facilement se répandre dans le reste des Gaules.C'est par là que vinrent Crocus en 264, les hordes germaniques en 275 et en 301 etc. (à moins qu'elles n'aient suivi allé n°II ???) On Pourrait ajouter que c'est aussi par là qu'ont pénétré dans nos contrées les Allier en 1814 et 1815, car la route qui nous occupe n'est autre que la route actuelle de Franche Comté, autrement dite route impériale N° 19, de Paris à Bâle. A ne la prendre qu'à Langres, elle passait à la ferme actuelle de Boute en Chasse, sur le territoire de Montlandon ; c'est même le seul point du canton de Neuilly qu'elle atteigne ; elle arrivait ensuite près de Rougeux et de Fays Billot, passait à Port sur Saône, à Luxeuil, à Belfort et au Rhin. J'oubliais de faire remarquer que également par cette voie que St Vallier, archidiacre de l'évêque St Didier, s'enfuit avec un grand nombre de chrétiens, qui tâchaient d'échapper à la fureur du terrible Crocus, roi des Vandales.Ils furent malheureusement atteints ou rencontrés par un détachement des Barbares et mis à mort à Fortus Abbucinus (Port sur Saône). Il est à remarquer que le villages de St-Vallier, qui doit très certainement son nom à son Saint patron, se trouve tour prés de cette route.

          II - De Langres à Strasbourg - Cette seconde route du Rhin ne fut pas moins fréquentée par les Barbares de la Germanie que la précédente.Il y a même de grandes probabilités que ce fut celle que suivit cette armée d'Allemands, battue prés de Peigney par Constance Chlore en 301. Elle passait à Peigney, non loin de la ferme de Haute-Oreille (territoire de Bannes), entre Bannes et Orbigny-au-Val, et arrivait ainsi sur le territoire de Neuilly, où elle est parfaitement conservée prés du bois de Salicaut. De là elle descendait dans la vallée de Pressot, au bois oriental du village même, franchissait le ruisseau du Grand-Lie ou du Val-de-Gris, traversait un canton dit encore de Pare et gagnait les territoires de Bonnecourt, de Frécourt, de Récourt, d'Arrecourt, de Fortilières, de Dammartin, de Malroy, de Parnot, de Lamarche, dans les Vosges, etc., et enfin Stasbourg et le Rhin. Nous avons sur cette route romaine beaucoup plus de particularités que sur les autres ; nous allons les réunir. D'abord, elle a donné son nom à plusieurs contrées du finage, telles que le coteau de la Pérouse et la Cheménée, mots évidemment dérivés de Petrosa, la voie pierreuse, et de Chemin. C'est sur cette même levée à gauche un peu avant d'arriver au finage de Bonnecourt que se trouve le lieu dit au Poirier à la Vierge, dont on raconte ainsi l'origine : des pélerins italiens, dit la tradition, suivant cette route, sans doute dans le ? siècle, creusèrent un petit trou dans le tronc d'un poirier et y déposèrent une Ste Vierge, qui, dit-ou encore, a opéré plusieurs miracles, mais dont aucun n'a été conservé en détail. Cet arbre, très-vieux et très-gros, a été coupé en 1847.
-      880?. On transporte de Varennes à Langres les reliques de Gengoul.
- ou 954
- ou 991
-   1115. Arnould, 1er abbé de Morimond suit cette route, dite alors le chemin du Bassigny.
-   1307. La porte de Sous-mur ou de Neuilly, à Langres, donnait sur le vieux chemin du Bassigny, par lequel venaient souvent les ennemis.
-   1578. Il était dit l'ancien et le grand chemin royal ; il fut alors constaté juridiquement que cet ancien et grand chemin Royale se continuait par le bois et sur la lisière, et que le chemin depuis naguère tracé plus bas est nouveau ; en effet, à l'autre bout du bois, on voit les vestiges d'une levée de pierres entrant  en droit niveau au chemin ancien ; et plus avant, en descendant venait  un chemin croisé, où le dit chemin, tirant à Marcilly se divise de celui qui va au dit Neuilly. Ainsi, on reconnut que le chemin allant à Neuilly est le grand chemin royal.
1650. C'est par cette route qu'eut lieu l'expédition dite la guerre de Langres, contre Aigremont.
1661. Un canton s'appelait : devers le Bas-Pérou ; un autre : en la Pérouse.
1664. En Charboeuf, tenant sur le hault chemin.
1670.      id                      En charme-heuderon, sur le haut-chemin (le même)
1683. En la Cheminée, tenant sur le chemin commun.
1683. En Renard,                   sur le chemin royal.
1690. Levée ou chemin consulaire allant de Langres à Verdum et à Moetz.



           III. De Langres à Bourbonne. - Cette voie n'est qu'une branche de la précédente, dont elle se détache au bois de Salicant, sur le territoire même de Neuilly. Elle conduisait à Bourbonne-les-Bains par les territoires d'Orbigny-au-Val, d'Orbigny-au-Mont, de Neuilly, de Plesnoy, pas Andilly, Rançonnières, Saulxures et le territoire de Damrémont. Plusieurs historiens de Langres ont confondu ce chemin avec le précédent, dont il n'est pourtant qu'un embranchement.
              
           IV. De Langres à Toul - Voici une des principales routes antiques des Lingons, l'une des trois dont l'Itinéraire d'Antonin et la table de Peutinger nous ont laissé la trace. Ils s'expriment ainsi :
D'Andematunnum (Langres) à Mosa (Meuvy)                           XII lieues.
De Mosa (Meuvy) à Novimagus (Neuchâteau).
De Novimagus (Neuchâteau) à Solimariaca (Soulosse)
De Solimariaca (Soulosse) à Tullum (Toul)                                XV lieues
     Cette route est peut être la plus intéressante de toutes celles qui traversent le canton de Neuilly. Elle longe à une petite distance la route N° 74 de Chalon-sur-Saône à Sarreguemines, autrement dite chez nous la route de Nancy. Cette route se détachait de celle de Langres à Trèves sur le territoire de Champigny, particularité mentionnée dès le temps de Strabon, qui dit en propres termes : Superato de hine monte Jurâ, ad sequanos et Lingonas pervenire ; hine bivinun est ad Rhenum et ad Oceanum. Il parle ici de la grande voie d'Agrippa, qui partaitde Lyon. Du territoire de Champigny, la voie qui nous occupe gagne celui de Changey, ou elle est encore bien conservée, passe à travers le bois de la Tête-du-Sac, appartenant à Neuilly, puis entre Frécourt et Chaufour, enfin prés d'Epinant, à Meuvy (Mosa), sur la Meuse, à Novimagas (Neufchâteau), à Solimariaca (Soulosse, dans les Vosges), charfin à Tullum (Toul). De là, on peut aisément la continuer par Metz jusqu'à Tréves, métropole des Gaules sous les derniers empereurs romains.Il est très probable que c'est par cette route que Constantin-le-Grand se rendit de Trèves à Autun et revint d'Autun à Trèves en 311 ; ainsi ce célèbre empereur a dû fouler notre territoire ; quand même il aurait suivi la route suivante, il aurait traversé notre canton.
  Voici les principaux faits qui se rattachent à la voie romaine de Langres à Tarb.
         1616. Dans un acte, il est appelé le chemin royal de Langres à Nancy.
         1638. En Rudorme, champ dit tenant d'un bout sur le Haut Chemin.
         1661. Le Hault chemin de la Thiellière
         1685. En la Glancey, sur le chemin royal
         1769. Canton dit le cheminot, bois de la Ferrière.

      V. De Langres à Reims, ou plutôt à Trèves . Cette route désignée par le F Vignier, Migneret et les autres écrivains langrois sous le nom de voie de Langres à Reims sortait par la porte dite depuis Longe-Porte, traversait la Marne, puis se dirigeait à travers les territoires de Champigny, de Charmes, de Lannes et de Tronchoy. Ces trois villages-ci appartiennent au canton de Neuilly, et je crois fort que le dernier tire son nom de la position prés de la route (Strata, estrea, etc...); c'était du reste une mansion romaine, comme nous le verrons plus tard. La route conduisait ensuite à Nogent, à Ageville, à Bourdon, à Rimaucourt,  à Reynel et à Cirfontaine, dans les environs duquel elle se bifurquait d'un coté sur Toul, et de l'autre, sur Verdum, Metz et Tréves.

 II -  Routes Impériales

Le territoire du canton de Neuilly-l'Evêque est traversé par deux routes impériales, dont la construction n'est pas très ancienne, et qui suivent en grande partie le tracé d'anciennes voies romaines.
       I - N°19. Route impériale de Paris à Bâle. Cette route ne traverse que deux petites portions du territoire de notre canton ; la première à Rolampont, sur la Marne, et la seconde à la ferme de Boute-en-Chasse, commune de Montlandon. Nous ne rappellerons pas ici tous les faits historiques qui peuvent se rattacher à cette route ; il se trouve épars dans toute cette histoire. Un curieux renseignement statistique a été recueilli sur le mouvement qui y règne. Les 6, 16, et 26 Août 1844, on a compté sur toutes les routes impériales (alors royales) de France le nombre de colliers qui les ont fréquentées et l'on en a déduit la moyenne pour chacune d'elles, département par département. Voici pour la route 19.


D'où l'on voit que notre département est un des plus actifs.

     II - N° 74 . Cette route impériale, dite officiellement de Châlon sur Saône à Sarreguemines, arrive, en sortant de Langres, à Bannes, qu'elle traverse en pleine, franchit le Grand Lyé sur un pont qui existait déjà au XVI siècle, traverse le territoire de Neuilly l'Evêque au N. à peu de distance et presque parallèlement à la voie de Langres à Toul, continue par Frécourt, le territoire de Bonnecourt, Montigny-le-Roy, Neufchateau, etc. Voici les détails Statistiques qui la concernent:


Ici, notre département a une infériorité évidente.


 III- Chemins de grande communication
ou Routes Départementales




 En 1846, le département de la Haute-Marne avait déjà classé et exécuté plus de 527 000 Km de chemin de  grande communication, composant 22 lignes, dont 2 intéressent le canton de Neuilly.
      N°1- Chemin de Rolampont a Mandres, classé en 1836. Il passe par Nogent-le-Roi et présente une longueur de 13 944 mètres ; il n'y a que la partie située sur le territoire de la commune de Rolampont qui soit de notre canton.
     N°5 - Chemin de Dammartin à Neuilly-l'Evêque. Il fut classé par le conseil général du département à la même époque que le précèdent, et traverse les communes de Andilly et de Rançonnières. Ce chemin part de la route de Chalon à Sarreguemines, prés du pont-de-Gueux, traverse Neuilly et les communes que nous venons de nommer et comprend en tout une longueur de 13 338.

IV - Chemins vicinaux de Neuilly

 Outre les routes précédentes, le canton de Neuilly est sillonné de nombreux chemins vicinaux de petite communication ; nous n'en donnerons pas la liste, parce qu'elle ne présenterait qu'un mince intérêt mais nous donnerons le tableau de ceux de la commune de Neuilly, tableau qui a été dressé en 1839.



     A ces 11 chemins ruraux il faudrait ajouter les suivants dont le tableau fut dressé dès le 30 mars 1803, puis le 25 juillet 1805, et recopié le 20 mars 1826. Malheureusement ils ne sont donnés que quant à leur largeur.
1. La Haie-Grillot, allait du village à la route de Sarreguemines ; c'est donc le chemin N°5 .........10M
2. La vieille route ou le chemin des Lorraines, de Langres à Bonnecourt (voie romaine)..............10M
3. Les Charrières, de Neuilly à Dampierre ........................................................................................6M
4. Le Marchet d'Oyèrer, sur le territoire.............................................................................................6M
5. Le chemin du mont de Bussières, allant de Neuilly à Changey et à la Tuilerie.............................6M

V. Chemins de Fer

        Bientôt le canton de Neuilly se verra traverser par le premier chemin de fer qui ait été construit  dans le département celui de Paris à Mulhouse ; longtemps on a attendu celui de St Dizier à Gray, qui est en étude depuis 1845 au moins, et qui se rattachera au précédent. Il y aura une station à Rolampont et une autre dans les environs de Langres ; Lecey a déjà été marqué par anticipation sur certaines cartes de projet.

VI. Télégraphe

D'après le décret présidentiel du 6 janvier 1852, Chaumont et Langres doivent être mis en communication avec Paris par des télégraphes électriques ; dans ce cas la ligne suivra sans doute la route N°19, qui passe à Rolampont, et sera par conséquent établie sur une fraction de notre territoire cantonal, qui n'y sera, du reste, aucunement intéressé directement.


VII. Cannaux

Dés l'an 55 de Jésus-Christ, sous le règne de Néron, L'Vétus, qui commandait dans la Germanie, avait formé le projet, comme nous le verrons à l'histoire des Lingons, de joindre par un canal la  Méditerranée à la mer du Nord. Ce canal devait se faire dans les environs de notre canton de Neuilly, sur les frontières du pays des Lingons, en joignant la Saône à la Moselle. Ce projet avorta alors, mais on l'a renouvelé depuis d'une manière qui nous intéresse bien plus directement. On a proposé, au commencement de ce siècle, de joindre la Marne à la Saône par le Saulon,au moyen d'une percée dans la montagne qui sépare Culmont de Balesme, dont la distance n'est que de cinq quarts de lieue. Ce canal réunirait alors la Manche à la Méditéranée, et desservirait le canton de Neuilly, que traverse la Marne à Rolampont. Si à ce premier canal, on ajoutait prés de Langres un embranchement qui réunit la Marne a la Meuse, on aurait une communication entre le sud, l'est, le Nord etle Nord-Ouest de la France. Or cette liaison pouvait se faire en canalisant soit le Val-le-Gris, soit le Petit-Lyé ou rivière d'Orbigny-au-Mont; la distance entre les sources n'est aussi que de cinq quarts de lieue. Ce projet avait été mis de côté pendant prés d'un demi siècles, lorsqu'on l'a repris en 1850 ; les journaux en ont parlé, entreautresl'Univers du 7 Octobre 1850.


                        Souverains qui ont traversé notre territoire.

937, LouisIV - 1147, Eugène III - 1434. Charles VII - 1440, id. - 1444 id. - et le dauphin Louis - 1519 François 1er - 1529 id. -